Le onzième enfant de Jacques Ier d'Urfé et Renée de Savoie vit le jour le 11 fevrier 1568 à Marseille alors que sa mère venait visiter son frère Honoré de Savoie, gouverneur de Provence.

Ses premières années (1572-1575), le jeune Honoré les passe avec sa mère sur la côte Méditerranéenne, à Tende (Alpes-Maritimes).

Il n'a pas encore dix ans quand il découvre à la fois le calme et la douceur des bords du Lignon, tout près de la résidence familiale de la Bastie d'Urfé (Loire) et la rigueur des études classiques qu'il entreprend au collège de Tournon de 1575 à 1583.

A seize ans, le 12 janvier 1584, Honoré fait profession dans l'ordre de Saint Jean de Jérusalem et de Malte : il est même dit "chevalier". Il s'engage alors dans les rangs de la Ligue en Forez aux côtés de ses frères Anne d'Urfé et Jacques II :

En mai 1590, tandis que son aîné prend la ville de Charlieu dans le nord de la Loire actuelle, Honoré garde Saint-Etienne en compagnie de ligueurs fidèles. Par la suite, Anne d'Urfé et Honoré marchent sur le Velay après avoir pris et saccagé Essalois (gorges de la Loire, 42). En octobre 1590, les deux frères se rendent à Riom puis à Vichy pour enfin revenir ensemble sur Espaly en juillet 1591.

L'année suivante, le 2 décembre 1592, le Duc de Nemours prend Montbrison (Loire) : Honoré se remet alors au service du Duc et rompt avec son frère aîné Anne d'Urfé, bailli de Forez, qui tente dès lors de pacifier la province. A sa sortie de prison, le 26 juillet 1594, Nemours nomme Honoré "lieutenant-général au gouvernement de Forez".

Le fougueux forézien ne se rallie donc pas au roi comme son frère mais au contraire se jette à corps perdu dans les combats de la Ligue : en septembre 1594, Honoré attaque Cervières et Saint-just-en-Chevalet (Loire) mais il subit de cuisants échecs; il descend alors de la plaine du Roannais où meurt accidentellement son jeune frère Antoine d'Urfé. Après cet événement tragique, Honoré ne désarme pas et continue la lutte : en février 1595, il est arrêté et rançonné à Feurs (Loire); C'est au bon vouloir de sa belle-soeur Diane de Châteaumorand, la femme de son frère, qu'il doit sa libération : celle-ci versa pas moins de 3000 écus... A peine libre, Honoré part en Savoie pour rejoindre Nemours. A la mort de ce dernier, le Ligueur forézien revient sur la terre de ses ancêtres et attaque Montbrison où il est emprisonné une seconde fois.

Amnistié, Honoré cherche à se faire oublier et se retire dans les Etats des Ducs de Savoie, à Senail près de Virieu-le-Grand (en Bugey) où il achète une terre. Il met alors ses armes au service du Duc Charles-Emmanuel de Savoie qui l'enrôle (1597-1598) et le nomme gentilhomme de sa chambre puis chambellan ordinaire, capitaine de ses gardes et de cent chevau-légers, colonel général de sa cavalerie et infanterie françaises. Il part ainsi en guerre contre Lesdiguières en 1597.

En 1600, le 15 fevrier, Honoré revient en Forez pour épouser Diane de Châteaumorand, sa belle-soeur, après l'annulation de son mariage avec Anne d'Urfé. Honoré et Diane partagent dès lors leur temps entre la Bastie d'Urfé, Chateaumorand, le Bugey et Paris. Mais l'ancien ligueur ne peut tenir en place et reprend les armes en 1616 pour le Duc de Savoie d'abord, puis en 1625 contre les Espagnols pour le compte du roi de France Louis XIII.

Les liens qui unissent les deux époux se distendent dès 1615 : ils vivent dès lors séparés.

Honoré en profite pour effectuer de nombreux voyages notamment en Italie (Rome, Turin et Venise) et en France.

Malade à Gênes, alors qu'il guerroie en tant que Maréchal de camp général au cours de la campagne de la Valteline, Honoré se fit transporter à Villefranche dans le Comté de Nice où il rédigea son testament le 30 mai 1625 et mourut le 1er juin. Son corps fut transporté et inhumé à Turin pour être ensuite ramené en Forez : le mystère demeure encore sur la localisation du corps du romancier forézien...

Honoré écrivain

A côté de cette vie pour le moins tumultueuse, mené tambour battant, Honoré d'Urfé reste dans l'Histoire comme l'auteur du premier grand roman-fleuve digne de ce nom de la Littérature française, L'Astrée.

En effet, L'Astrée fut véritablement l'oeuvre de sa vie puisqu'il en commença la rédaction dès son adolescence à la Bastie sur les bords du Lignon, et que les deux derniers tomes ne furent publiés qu'après sa mort en 1627 et 1628. C'est même son secrétaire Baro qui rédigea, à partir de ses notes, la cinquième partie du roman qui contient au total plus de 5000 pages... La première édition générale parut en 1632-1633 puis en 1647.

En tant qu'ancien élève au collège de Tournon, Honoré écrivit en 1593 sa première "oeuvre" : il s'agissait du compte-rendu des fêtes données à Tournon à l'occasion de la "triomphante entrée de très illustre dame Madame de la Rochefoucauld, épouse de Haut et puissant seigneur Messire Just-Loys de Tournon..."

Deux ans plus tard Honoré écrivit le premier livre de ses Epîtres Morales (1595); on lui doit également Sireine et Sylvanire.



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