Trois siècles de vicissitudes...

En 1764, l’héritage de la Bastie fut saisi et adjugé au marquis de Simiane, auquel on doit le réaménagement des salons du château. Cependant il morcella les acquisitions et dut revendre la demeure et les domaines dépendants en 1778 à Louis-François Puy de Mussieu , descendant d’une ancienne famille de Montbrison.

Pendant la Révolution, les biens immobiliers furent sauvés de justesse après l’exécution du chef de la famille à Lyon en 1793 et la vente aux enchères du mobilier par l’administrateur du district de Boën (Loire) entre le 11 et le 16 mai 1794.

"Vue cavalière de la Bastie depuis le Nord" par Octave Puy de la Bastie vers 1820-1840

Le fils de Louis-François, Pierre, comme ses deux petits-fils, Octave et Ernest, ne surent jamais se dégager de dettes toujours grandissantes et durent se résoudre à vendre le château en 1836 à la veuve d’un notable roannais, M. Nompère de Champigny, fait Duc de Cadore par Napoléon Ier. L’objectif premier mis en avant par la famille des nouveaux propriétaires : restaurer la Bastie (il fut même question de s’adresser à Prosper Mérimée pour le classement du château...).

Cette belle tentative fut un échec et la demeure forézienne fut une nouvelle fois vendue en 1872 à M. Verdolin, avocat et banquier installé à Montbrison depuis 1863. Le château était alors dans un état de délabrement avancé et les travaux de restauration du nouvel acquéreur furent menés sans discernement aucun : arasement des bastions de la façade sud au premier étage et suppression des jacobines qui éclairaient les combles.

Pour rentabiliser le château il installe même à grands frais une féculerie dans de nouveaux communs à l’ouest de l’entrée. Mais ses affaires périclitant, Verdolin pris contact avec un antiquaire lyonnais du nom de Derriaz pour négocier tout ce qui, dans la décoration du château, pouvait encore l’être. C’est alors que commença dès février 1874 le démantelement de la chapelle qui fut complétement dépecée avant la fin de l’année...

 

Les membres de la Société Archéologique et Historique de "la Diana" fondée à Montbrison en 1862 s’en émurent alors et tentèrent de réunir des fonds pour racheter, si ce n’est le château, au moins les lambeaux que Verdolin mettait en vente.

En 1884, ce dernier fut finalement déclaré en faillite et le domaine fut mis aux enchères. Celui-ci acheva alors d’être démembré et le château fut rachetée par la famille de J-B. de Neufbourg qui échoua dans sa tentative de restauration. Louis, héritier de la famille, dut remettre l’ensemble du domaine en vente dès 1907.

A la fin de l’année suivante, Alphonse de Saint-Pulgent, président de la Diana, apprend qu’un accord a même déjà été conclu avec un entrepreneur de démolition. L’association historique montbrisonnaise se saisit alors de la question et parvient cette fois ci à réunir les fonds nécessaires pour racheter en 1909 les murs du château.

Le 25 octobre 1912, celui-ci est inscrit sur la liste des monuments historiques et dans les années 1920, les travaux de restauration peuvent commencer avec l’aide de l’Etat et du Conseil Général de la Loire.

Les campagnes de travaux prirent plus d’ampleur pendant l’Après-Guerre sous la houlette de Marius Delmier (président du comité de la Bastie au sein de la Diana) et de Jacques Dupont (inspecteur général des monuments historiques) : réfection des toitures des ailes occidentales et orientales, réamménagement entier des deux niveaux de circulation du château, recréation partielle des jardins, réinstauration d’une partie des décors et apport de mobilier pour redonner vie à la demeure.



Depuis 1989, un "bail amphythéotique" liant la Diana et le Conseil Général de la Loire permet à celui-ci, en collaboration avec l’Etat et sous la direction de MM. Repellin et Grange-Chavanis, architectes en chef des Monuments Historiques de réaliser d’importants investissements pour la mise en valeur du domaine, selon un programme comprenant la restauration complète du château, des communs et des jardins.

"Le Troisième Millénaire doit ainsi voir La Bastie d’Urfé renouer avec son éclat de la Renaissance..."



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